Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/37

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pour une valeur de 12 500 000 francs ; 90 millions de livres de viande ; 1 200 000 francs de poisson d’eau douce. » Dans son tableau, qui comprend la droguerie, l’épicerie, le bois à brûler, Lavoisier ne donne aucun chiffre pour la marée ; en revanche, il indique les salines pour une somme de 1 500 000 francs. Un tel approvisionnement serait aujourd’hui si facile, grâce à nos moyens de transport perfectionnés, qu’il ne causerait aucun souci à l’administration ; mais en 1789 il n’en était pas ainsi. Il y avait là un problème économique et politique que la perturbation des provinces, l’état déplorable des chemins, les habitudes routinières de la population, joints à une récolte insuffisante, ne permettaient pas de résoudre aisément. C’est ce que sentirent les députés dès que l’Assemblée fut réunie.

Le 6 juin, le clergé demande qu’on nomme une commission destinée à pourvoir aux besoins de la nation ; le 19 du même mois, le comité des subsistances est formé, et Barère, imbu des vieilles idées administratives, écho des inquiétudes de la population, exige qu’on fasse des perquisitions partout, qu’on donne des primes aux producteurs qui apporteront leurs denrées sur les marchés, et qu’on désigne des commissaires chargés de faire sortir le grain des retraites où on le cache. Le 4 juillet, M. Necker annonce que, pour ménager le blé, il faut se contenter de pain de seigle, qu’on en servira sur la table même du roi, et que ce dernier a dépensé plus de 25 millions pour favoriser l’arrivée des céréales sur les marchés où l’on en manque. Ces mesures n’arrêtent pas la famine ; dans les campagnes, comme jadis, les paysans sont réduits à manger du son et de l’herbe bouillie.

Malgré les efforts du comité des subsistances, malgré le zèle des commissaires envoyés par l’Assemblée pour assurer et activer la circulation des grains, des plaintes