Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/47

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sur les marchés publics. On ne s’arrêta point là, on revint au système désastreux de 1792, et un décret du 8 mai fixa la valeur maximum de l’hectolitre de blé froment à 35 francs, sur les halles des départements de la Seine, de Seine-et-Marne, de l’Aisne, de l’Oise, d’Eure-et-Loir ; la conséquence fut immédiate, les marchés furent désertés et tout commerce disparut. On aurait pu croire que le gouvernement n’en reviendrait plus à ces extrémités, car toute précaution semblait avoir été prise pour parer à l’éventualité des disettes possibles. En effet, le décret du 9 août 1793 sur les greniers d’abondance[1], décret qui, à l’époque où il fut promulgué, ne produisit qu’une détente très-passagère dans la situation, fut repris en l’an VI, et l’on décida qu’une réserve de 50 000 sacs de blé serait établie aux minoteries de Corbeil ; le propriétaire de ces moulins passa un traité de deux ans qui ne fut même pas renouvelé. En 1801, la récolte fut insuffisante, et, pour obvier au manque de céréales, le gouvernement fit acquérir à l’étranger 575 000 quintaux métriques de grains, sur lesquels il en restait environ 245 000 en 1803. À cette époque, le Premier Consul arrêta que, sur cette quantité, 150 000 quintaux, représentant 62 000 sacs de blé, seraient mis en réserve, gardés et renouvelés successivement dans les magasins de l’État. Ces grains étaient spécialement destinés à l’approvisionnement de Paris, approvisionnement qui, aux yeux de chaque gouvernement, a toujours passé avec raison pour une précaution politique de la plus haute importance. En 1811, la ré-

  1. La première idée des greniers d’abondance est fort ancienne en France et se retrouve dans une ordonnance de Henri III, du 27 décembre 1577. Sous Louis XV, l’établissement de Corbeil contenait l’approvisionnement des blés du roi, c’était une régie ; mais de 1776 à 1789 (acte Malisset) l’administration fut confiée à des particuliers, sur bail débattu. La réserve destinée à Paris, vers la fin de la monarchie, était de 25 000 sacs de blé.