Page:Du Camp - Paris, tome 2.djvu/48

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serve, élevée à 250 000 hectolitres, fut épuisée tout entière et put atténuer en partie les inconvénients d’une très-mauvaise récolte.

Pendant les années qui suivirent, de terribles préoccupations avaient saisi tous les esprits et l’on ne pensa guère aux greniers d’abondance, qui restèrent vides. Les achats recommencèrent en 1816, et une ordonnance royale du 5 décembre 1817 prescrivit l’établissement immédiat d’une réserve de 260 000 quintaux de blé. En 1828, on redouta la disette, le pain valait à Paris 40 centimes le kilogramme, ce qui était fort cher pour l’époque ; le conseil municipal, inquiet et craignant les émotions populaires, vota la mise en vente des céréales contenues dans les greniers publics. 25 000 sacs de blé furent écoulés entre les mois d’octobre 1828 et de juillet 1829. On s’occupait à renouveler la réserve de Paris lorsque la révolution de 1830 vint enlever du même coup la monarchie du droit divin et le système des greniers d’abondance. Ce système était du reste fort souvent onéreux, et, en 1817, on voit dans un rapport daté du 22 décembre que la revente à perte des grains achetés coûtait 22 millions à l’État, qui en outre avait déboursé 24 millions pour maintenir à Paris le pain à un taux abordable pour la population. On peut voir par là que la cherté des subsistances retombe toujours forcément sur le contribuable, qui ne peut échapper à la surélévation du prix des aliments que par l’augmentation de l’impôt[1].

Sous le gouvernement de Louis-Philippe, nulle prescription nouvelle importante ne fut ajoutée à celles que nous avons fait connaître. On continua à s’appuyer sur le système de l’échelle mobile, et à l’intérieur les céréales circulèrent librement. Un fait douloureux et qui eut un retentissement considérable vint prouver une fois

  1. Voy. Pièces justificatives, 2.