Page:Du Camp - Paris, tome 3.djvu/298

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l’absolution. Il fallut attendre jusqu’à Charles VI, qui, sur les instances de Pierre de Craon, promulgua, le 12 février 1396, une ordonnance déclarant qu’à l’avenir les condamnés à mort pourraient être confessés avant d’être menés au supplice.

Entré dans le guichet, où chacun s’est levé à sa vue, l’aumônier dépose sur une planchette le surplis qu’il revêtira pour aller au cimetière donner l’absoute au corps, sur lequel nulle prière solennelle ne sera dite dans les églises. Il échange quelques paroles avec les gardiens, il évite de parler du condamné ; comme pour fuir les regards qui le cherchent involontairement, il s’assoit dans un coin, et s’absorbe dans la lecture de son bréviaire.

iii. — l’exécution.

Il est temps. — Entrée dans la cellule. — L’homme est prévenu. — Il se lève. — On l’habille. — Adieu aux gardiens. — L’absolution. — Le trajet. — Entrée dans l’avant-greffe. — L’exécuteur apparaît. — La toilette. — Les courroies. — C’est bien long. — Les dernières prières. — Sang-froid. — Le verre de vin. — Départ pour le supplice. — Le cortège. — La porte s’ouvre. — Le baiser de paix. — Silence de la foule. — L’homme gravit les degrés. — Il est basculé. — Le glaive s’abat. — Quatorze secondes. — La route jusqu’au cimetière d’Ivry. — Le champ de navets. — La tête du supplicié. — L’enterrement. — Exhumation immédiate. — Les bois de justice démontés et emportés.


À quatre heures, le chef du service de sûreté est arrivé, et alors on a vu revenir l’exécuteur, qui s’était absenté ; il reprit sa place devant les murs de la Roquette, assis, paraissant souffrant et préoccupé. Le ciel, si brillant pendant la nuit, s’était couvert ; un vent violent du sud-ouest passait par rafales et chassait les nuages amoncelés qui semblaient se perdre derrière les hauteurs boisées du Père-Lachaise. Les officiers désœuvrés se promenaient, causant entre eux, avec l’air de vague ennui de ceux qui accomplissent une corvée