Page:Du Camp - Paris, tome 5.djvu/279

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ses frais des porte-flambeaux et des porte-lanternes qui, moyennant une rétribution fixée et payée à l’avance, accompagneraient les gens dans leurs courses nocturnes. Les lettres royales sont du mois de mars 1662. Le début en est curieux, c’est une peinture de nos anciennes mœurs qui n’est pas sans intérêt pour l’histoire : « Les vols, meurtres et accidents qui arrivent journellement en nostre bonne ville de Paris faute de clarté suffisante dans les rues, et d’ailleurs la plupart des bourgeois et des gens d’affaires n’ayant pas les moyens d’entretenir des valets pour se faire éclairer la nuit, pour vaquer à leurs affaires et négoce, souffrant une très-grande incommodité et principalement l’hiver, que, les jours estant courts, il n’y a pas de temps plus commode à y vaquer que la nuit, et n’osant pour lors à se hasarder d’aller et venir par les rues faute de clarté, et sur ce nostre cher et bien-aimé abbé Laudati Caraffe[1], etc. » Le 26 août suivant, le parlement enregistra les lettres de Louis XIV, et imposa au concessionnaire certaines conditions qui ressemblaient à ce que nous appellerions aujourd’hui un « cahier des charges ».

Les lettres avaient été communiquées au prévôt des marchands et aux échevins qui, après enquête de commodo et incommodo, n’avaient point fait objection à la volonté royale. Le parlement enregistra l’acte de privilège, qui devait durer vingt ans ; il déclara que les flambeaux-bougies ne pourraient être fournis que par les épiciers de Paris, qu’ils seraient du poids de 1 livre 1/2, de bonne cire jaune, timbrés des armes de la ville et divisés en dix parties égales ; chacune de ces portions,

  1. Les lettres patentes écrivent Caraffe, selon l’usage du temps, qui francisait les noms étrangers : Concini, Couchin, — Ruccellaï, Rousselet, etc. Ce Caraffa était originaire de Naples, où sa famille s’était compromise dans l’échauffourée du duc de Guise.