Page:Du Ryer - Dynamis, reyne de Carie, 1653.djvu/59

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Enfin si vous m'aimez en véritable frère,

L'amitié vous apprend ce que vous devez faire.



Scène IV

Trasile, seul.

Mais, ô trop inhumaine et trop cruelle soeur,

L'amitié t'apprend-t-elle à me percer le coeur ?

L'amitié t'apprend-t-elle à montrer ta puissance,

En me rendant le but de ta folle inconstance.

Et crois-tu que l'on offre un Sceptre plein d'appas

Sans donner de la haine en ne le donnant pas ?

Non, non, tu n'as rien fait par cet exploit auguste,

Que rendre ma fureur et ma haine plus juste.

Je poursuivais sans droit le Sceptre et le pouvoir,

Avant que ton erreur m'en eût donné l'espoir,

Maintenant quelque mal que le destin me livre,

Tu me les as donné, j'ai droit de les poursuivre.

Tu m'as donné le Trône, enfin il m'appartient,

Et j'ai le droit de l'ôter à qui me le retient.

Et si mon entreprise était hier un crime,

Toi-même maintenant tu la rends légitime,

Tu me permets d'armer mon bras autorisé,