Page:Du Ryer - Dynamis, reyne de Carie, 1653.djvu/8

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Proxène

Crois-tu donc que mon coeur qui répond à tes voeux,

Étant plein d'un secret, n'en puisse tenir deux ?

Si je n'ignore pas que tu tends à l'Empire,

Ne puis-je pas savoir ce qui doit t'y conduire ?

Crains-tu que mon Amour ou timide ou léger,

T'ôte de ce chemin s'il y voit du danger ?

Non, non, fut-il sanglant, affreux et sans lumière,

Tu m'y verras marcher et courir la première.

Je te dirai sans crainte en devançant tes pas,

Regarde où nous allons, et non par où tu vas.

Montre donc que Trasile estime mon courage,

En montrant à mes yeux et le trouble et l'orage ;

Fais-moi voir des cercueils et des gouffres partout,

Tous ces chemins sont beaux quand le Trône est au bout.

Trasile

Conserve donc toujours ce courage indomptable,

Si j'expose à tes yeux un chemin effroyable.

Tu sais bien que le Roi mourut dans le combat

Où l'avait engagé le besoin de l'État ;

Et que c'est aujourd'hui l'opinion publique,

Que durant un combat si grand et si tragique,

Arcas donna le coup qui prive avec effroi