Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/271

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Ses montagnes, par l’industrie des Chinois, sont presque partout disposées en espèce d’amphithéâtres et de terrasses placées les unes sur les autres, et toutes couvertes de riz. Ses campagnes sont arrosées de grandes rivières, de sources, et de fontaines qui viennent des montagnes, et que les laboureurs ménagent avec beaucoup de dextérité, pour abreuver le riz, qui ne croît que dans l’eau : ils ont le secret d’élever l’eau jusques sur le sommet des plus hautes montagnes, et de la conduire d’une montagne à l’autre par des tuyaux de bambou, qu’on trouve en quantité dans cette province.

Outre que tout ce qui croît dans la plupart des provinces de l’empire, se trouve pareillement dans celle de Fo kien, le commerce que ses habitants font au Japon, aux Philippines, à l’île de Formose, à Java, à Camboye, à Siam, etc. la rend extrêmement riche. On y trouve du musc, des pierres précieuses, du vif argent, des étoffes de soie, des toiles de chanvre et de coton, de l’acier, toutes sortes d’outils travaillés avec beaucoup d’adresse, et il lui vient des pays étrangers des clous de girofle, de la canelle, du poivre, du bois de sandal, de l’ambre, du corail, et beaucoup d’autres marchandises de cette nature. Ses montagnes sont couvertes de forêts pleines d’arbres propres à la construction des vaisseaux. On y trouve des mines d’étain et de fer : on prétend qu’il y en a d’or et d’argent, mais il est défendu de les ouvrir sous peine de la vie.

Parmi les fruits qui y viennent, elle produit d’excellentes oranges, plus grosses que celles que nous connaissons, et qui ont le goût et l’odeur des raisins muscats : ces oranges quittent aisément leur écorce ; la peau en est dorée et épaisse, on les confit avec du sucre, et on les transporte dans d’autres provinces. On y voit aussi ces belles oranges rouges, dont nous avons fait ailleurs la description.


Li tchi et Long yuen.

Il y croît surtout, de même que dans la province de Quang tong, deux espèces de fruits particuliers à la Chine, qu’on ne connaît point ailleurs, et qui sont estimés, savoir le li tchi et le long yuen, dont j’ai parlé au commencement de cet ouvrage. J’ajouterai seulement qu’il n’y a guère de fruit sur la terre, qu’on puisse comparer au li tchi pour sa délicatesse, surtout si c’est l’espèce qui a le petit noyau. La plante nommée tien hoa qui y croît, et dont les teinturiers se servent pour teindre en couleur bleue, est beaucoup plus estimée que celle qui croît dans les autres provinces.

Ces peuples ont un langage différent dans la plupart des villes, lesquelles ont chacune leur dialecte particulier : ce qui est assez incommode aux voyageurs : il n’y a que la langue mandarine qui se parle généralement partout, mais que très peu de gens savent dans cette province. Du reste ils ont de l’esprit, et s’appliquent volontiers à l’étude des sciences chinoises. Aussi voit-on sortir de cette province un grand nombre de lettrés, qui parviennent aux grandes charges de l’empire.