Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/272

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Première ville capitale de la province.
FOU TCHEOU FOU.


C’est la première ville et la plus considérable de la province : neuf villes du troisième ordre relèvent de sa juridiction. Outre le viceroi qui y réside, elle est aussi la demeure du tsong tou qui a l’intendance générale sur cette province, et sur celle de Tche kiang. Elle est surtout célèbre par sa situation, par le grand commerce qui s’y fait, par la multitude de ses lettrés, par la fertilité de son terroir, par la beauté de ses rivières, qui portent les plus grandes barques de la Chine jusqu’auprès de ses murailles, enfin par ce pont admirable de plus de cent arches, tout construit de belles pierres blanches et qui traverse le golfe. Tous ses coteaux sont remplis de cèdres, d’orangers, et de citronniers.

On fait dans toute l’étendue de son ressort du sucre extrêmement blanc, et l’on y voit quantité de ces arbres qui portent les fruits de li tchi et de long yuen. Le premier est si agréable au goût, qu’on ne peut se lasser d’en manger. Le second est très bon, mais moins estimé que le li tchi ; on sèche ces fruits et on les transporte dans tout l’empire mais il s’en faut bien qu’ils soient aussi agréables, quand ils sont secs, que lorsqu’ils sont fraîchement cueillis ; du reste ils sont très sains, et l’on en donne souvent aux malades.


TSUEN TCHEOU FOU. Seconde ville.


La situation de cette ville est des plus agréables, et la rend très marchande : elle est bâtie sur un promontoire, et est presque toute environnée d’eau ; les plus grandes barques ou sommes chinoises entrent au-dedans de ses murailles. Elle a dans son ressort sept villes du troisième ordre.

Toutes ces villes sont très peuplées, et il s’y fait un grand commerce. Ses maisons sont également propres : ses rues sont pavées de brique, que renferment deux rangs de pierres carrées, et embellies d’arcs de triomphe.

Parmi ses temples, il y en a un qui mérite de l’attention à cause de ses deux tours bâties de pierre et de marbre, qui ont sept étages chacune : on peut se promener autour de chaque étage, dans des galeries qui ont de la saillie en dehors.

Non loin de la ville est un pont extraordinaire par sa grandeur et par sa beauté : il est construit d’une pierre noirâtre ; il n’a point d’arches, mais il est soutenu par plus de trois cents piliers de pierre, qui se terminent de part et d’autre en angles aigus, afin de rompre plus aisément la rapidité et la violence de l’eau. Ce pont a été bâti aux frais d’un gouverneur de la ville, lequel touché de voir submerger un nombre infini de barques par la violence des marées, voulut délivrer son peuple du danger continuel où il était de périr dans les eaux. On assure que cet ouvrage lui coûta quatorze cent