Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/288

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en pièces l’armée tartare qui était venue au secours ; Ouen tcheou de la province de Tche kiang ; Nan king de la province de Kiang nan, etc.

Ces premiers succès durèrent peu, il fut enfin vaincu par les Tartares et chassé absolument de la Chine. Alors il tourna ses vues et son ambition vers Formose dont il résolut de chasser les Hollandais, et d’y établir un nouveau royaume.

Ce fut la dix-septième année de l’empereur Chun chi père de Cang hi, la 1661e de l’ère chrétienne, que Tching tching cong quitta la Chine, pour se retirer à Formose. Il se saisit en passant des îles de Pong hou. Les Hollandais qui sans doute se croyaient en sûreté du côté de la Chine, où il y avait encore du trouble, n’avaient pas eu soin de munir de troupes Pong hou, et Tai ouan. Ainsi Tching tching cong s’empara de ces îles presqu’aussitôt qu’il y parut. Il y laissa cent de ses vaisseaux pour les garder, et il continua sa route vers Formose.

Il n’y avait pour la garde du fort et du port de Formose qu’onze Hollandais. Le reste de la garnison était composé partie de noirs des Indes, partie des insulaires du pays. Nonobstant cette inégalité de forces, les Hollandais résolurent de se défendre, et ils se défendirent en effet en braves gens.

Tching tching cong entra dans le port avec sa flotte composée de neuf cents voiles, par la passe de Loulh men, une grande lieue au-dessus du fort de Zélande. Il fit descendre à terre une partie de son monde, afin d’attaquer le fort par mer et par terre : le siège dura quatre mois entiers, pendant lesquels les Hollandais se défendirent de leur canon, avec plus de succès qu’ils n’auraient osé l’espérer. Tching tching cong était au désespoir de voir tant de résistance et de courage dans cette poignée d’Européens, contre une armée aussi nombreuse que la sienne.

Comme les Chinois n’avaient pas l’usage du canon, ils ne pouvaient pas répondre à celui des Hollandais ; ainsi ils n’avaient d’espérance de les réduire que par la famine, ce qui demandait beaucoup de temps, pendant lequel ils pouvaient recevoir du secours de leurs vaisseaux de Batavie, ou de ceux qui allaient commercer au Japon.

Tching tching cong connut toute la difficulté de son entreprise : mais il se voyait hors de la Chine, sans espérance de pouvoir jamais y rentrer sous les Tartares, auxquels il venait de faire la guerre ; il n’ignorait pas d’ailleurs que si Formose lui était fermée, il n’avait plus de ressource. C’est pourquoi il se détermina à faire un dernier effort contre les Hollandais. Ceux-ci avaient actuellement quatre vaisseaux dans le port ; ils avaient mis sur le bord de chaque vaisseau un de leurs gens avec des Indiens pour le garder : les sept autres Hollandais s’étaient renfermés dans la citadelle, ou le fort de Zélande.

Le capitaine chinois résolut de sacrifier quelques-uns de ses vaisseaux, sur lesquels il mit quantité de feux d’artifice, et profitant d’un grand vent de nord-est, il les poussa sur les vaisseaux hollandais. Il réussit au-delà de ses espérances ; de quatre vaisseaux, trois furent brûlés. Aussitôt il fit sommer les Hollandais renfermés dans le port de se rendre, en leur déclarant