Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/289

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qu’il leur permettait de se retirer avec tous leurs effets mais que s’ils persistaient à se défendre, il n’y aurait point de quartier pour eux.

Les Hollandais à qui il ne restait pour toute ressource qu’un seul vaisseau, acceptèrent volontiers ces offres : ils chargèrent leur vaisseau de tous leurs effets, remirent la place entre les mains du Chinois et se retirèrent. Tching tching cong n’ayant plus personne qui s’opposât à ses desseins, distribua une partie de ses troupes dans la partie de Formose, que possèdent aujourd’hui les Chinois : il établit une garnison à Ki long tchai, forteresse que les Espagnols bâtirent autrefois et qu’ils trouvèrent abandonnée. Il construisit une forteresse à Tan choui tching sur l’embouchure de la rivière Tan choui, où les vaisseaux chinois peuvent mouiller l’ancre ; il détermina les lieux où sont aujourd’hui Tchu lo yen, et Fong chan hien, pour y bâtir deux villes auxquelles il donna le nom de Tien hing hien, et Ouan nien hien : Il établit pour capitale de ses nouveaux États l’endroit où est aujourd’hui Tai ouan fou, et il donna à cette ville le nom de Ching tien fou : il mit son palais et sa cour au fort de Zélande, auquel il donna le nom de Ngan ping fou, qu’il conserve encore maintenant.

Ce fut alors que Formose commença à prendre une nouvelle forme. Il y établit les mêmes lois, les mêmes coutumes et le même gouvernement qui règne à la Chine : mais il ne jouit que peu de temps de sa nouvelle conquête. Il mourut une année et quelques mois après avoir pris possession de l’île. Son fils Tching king mai lui succéda : comme il avait été élevé dans l’étude des livres, il ne fit presque rien pour cultiver le pays, que son père lui avait acquis avec tant de soins et de fatigues : c’est ce qui ralentit beaucoup le courage et le zèle des troupes pour son service.

La douzième année du règne de Cang hi, et l’an 1673 l’ère chrétienne, les rois de Quang tong et de Fo kien se révoltèrent contre l’empereur. Tching king mai voulant ranimer l’ardeur de ses soldats, prit la résolution de se joindre au roi de Fo kien contre le Tartare : il fait armer ses vaisseaux, et va pour s’aboucher avec lui sur les côtes de cette province. Mais comme il voulait être traité en prince souverain, et que le roi de Fo kien prétendait avoir le pas sur lui, il en fut tellement irrité, que sur-le-champ il lui déclara la guerre.

On se battit de part et d’autre avec beaucoup d’ardeur et de courage : mais comme les troupes de Tching king mai étaient composées de vieux soldats, autant de combats qu’il donna, furent autant de victoires. Le roi de Fo kien se vit enfin obligé de se faire raser une seconde fois, et de s’abandonner à la discrétion et à la clémence des Tartares. Tching king mai retourna à Formose où il mourut peu de temps après, laissant pour successeur son fils Tching ke san dans un âge fort tendre, sous la conduite de Lieou koue can, et de Fong si fan, deux officiers qui lui étaient extrêmement attachés.

La révolte de Fo kien étant heureusement terminée à l’avantage des Tartares, ils abolirent le titre de roi, et la vingt-unième année de Cang hi en 1682, ils établirent pour gouverneur de cette province et de celle de Tche kiang, un tsong tou : c’est une dignité qui est au-dessus de celle de viceroi.

Le premier qu’ils mirent, fut le Tsong tou yao. C’était un homme droit,