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câbles et des cordages de navire ; on les sépare en des filets fort déliés, dont on fait des corbeilles, des paniers, des claies, des sièges, et des nattes fort commodes, sur lesquelles la plupart des Chinois couchent en été, parce qu’elles sont fraîches.

Les peuples de cette province sont très industrieux, et quoiqu’ils soient peu inventifs, ils sont très adroits à imiter tous les ouvrages qu’ils voient. Quand on leur montre quelque nouvel ouvrage venu d’Europe, ils le font aussitôt, et dans une grande perfection.

Comme la province de Quang tong est maritime, et la plus éloignée de la Cour, son gouvernement est un des plus considérables de l’empire. Celui qui en est le tsong tou l’est aussi de la province de Quang si ; et c’est pour cette raison qu’il réside à Tchao king qui en est plus voisine, afin d’être plus à portée d’y donner ses ordres.


Première ville et capitale de la province.
QUANG TCHEOU FOU


La ville que les Chinois nomment Quang tcheou, est celle que les Européens appellent Canton. C’est une des plus peuplées et des plus opulentes de la Chine : peut-être tient-elle le premier rang, depuis qu’à son commerce avec les royaumes voisins, elle a joint celui de l’Europe. Elle est d’ailleurs bâtie sur une des plus belles rivières de l’empire, qu’on a raison de nommer Ta ho, surtout à Canton, parce que venant de la province de Quang si, elle en rencontre une autre assez profonde pour porter d’assez grands vaisseaux depuis la mer jusqu’auprès de la ville, et que ce grand fleuve, par les canaux qu’il remplit d’eau, aboutit à diverses provinces.

Son embouchure est large, et plus terrible par son nom, Hou men c’est-à-dire, porte du tigre, que par ses forts, qui n’ont été construits que pour arrêter les pirates chinois. Ses bords, les campagnes voisines, les collines mêmes y sont bien cultivées, et pleines de riz ou d’arbres toujours verts.

La grande quantité d’argent qu’on y apporte des pays les plus éloignés, y attire les marchands de toutes les provinces, de sorte qu’on trouve dans ce port presque tout ce qu’il y a de curieux et de rare dans tout l’empire. Les habitants d’ailleurs sont fort laborieux, très adroits, et surtout extrêmement habiles à imiter les ouvrages qu’on leur montre, à exécuter proprement les dessins qu’on leur donne, et à embellir les ouvrages, lesquels pour la plupart ne sont pas fort estimés à Peking, ni d’un grand prix, parce que les ouvriers de Peking ne les trouvent pas assez solides, ni assez exactement travaillés, soit que la matière y soit épargnée, ou mal choisie, soit que le travail y soit négligé dans ce qui ne paraît pas au dehors.

Néanmoins les étoffes de soie, nommées cha, qu’on fait à Canton, sont estimées à Peking comme les meilleures en ce genre, et surtout celles qui sont semées de fleurs, percées à jour comme des dentelles, dont l’usage est