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Aussitôt après la mort de l’empereur, Chun confia le gouvernement de l’État à ses ministres, et s’enferma dans le sépulcre de Yao pendant trois ans, pour se livrer plus librement aux sentiments de douleur, que lui causait la mort d’un prince, qu’il regardait comme son père. C’est de là qu’est venu l’usage de porter pendant trois ans le deuil de ses parents.

Les historiens chinois attribuent l’élévation de Chun à la soumission et à l’obéissance qu’il eut toujours pour ses parents ; quoiqu’il ne reçût d’eux que de mauvais traitements, et que sa vie fût plusieurs fois en danger, il n’opposa que sa douceur à leur mauvaise volonté ; et peu à peu par son respect, et par sa patience, il vint à bout de reformer leurs cœurs, et de les rendre vertueux.


Cycle II. Année avant J. C. 2277.

D’où les philosophes chinois tirent deux grands principes de morale : le premier, que quelque méchants que soient les pères et les mères, les enfants ne leur en doivent pas moins de respect et d’obéissance ; le second, qu’il n’y a point de si méchant homme, qu’on ne gagne enfin par des bienfaits.

Chun après avoir satisfait aux devoirs de sa piété et de sa reconnaissance envers Yao, se mit en possession du palais impérial, et reçut les hommages de tous les princes tributaires. Il trouva dans le palais quantité d’or et de pierreries ; il fit faire une sphère, qui représentait les sept planètes, et il y employa les pierreries qui symbolisaient le mieux avec chaque planète. Il fit de nouvelles lois pour l’administration de son État, et ordonna que chacun des six tribunaux établis par son prédécesseur, aurait des officiers subalternes pour l’aider dans ses fonctions ; il honora toujours de sa protection et de sa bienveillance les philosophes et les gens de lettres. Chaque année il visitait ses provinces, et dans cette visite il récompensait ou punissait les princes tributaires, avec une équité qui lui attirait l’estime et l’admiration des peuples.

Une de ses principales attentions fut de faire fleurir l’agriculture, et de mettre l’abondance dans ses États : c’est pourquoi il défendit sous des peines sévères aux gouverneurs, de détourner les laboureurs de leur travail, et d’en exiger des corvées, toujours onéreuses, et capables de ralentir leur ardeur pour la culture des terres.

Il était également attentif à ne confier le gouvernement de ses sujets, qu’à des personnes d’un mérite, et d’une capacité éprouvée ; enfin il fit plusieurs autres ordonnances, dont la sagesse et l’équité l’ont fait regarder dans tous les temps, comme un des grands héros qu’ait eu la Chine.

Une de ces ordonnances paraîtra peut-être assez extraordinaire, c’est celle qui permet à chacun de ses sujets, de marquer sur une table exposée en public, ce qu’il aurait trouvé de répréhensible dans sa conduite. Il admit dans les conseils six seigneurs, qui étaient des descendants de Tchuen hio et six autres qui étaient de la famille de Tico. On trouve dans le Livre canonique appelé Chu