Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/411

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

causera les plus grands troubles dans l’empire.

Il bannit de ses terres l’inventeur de ce breuvage, et défendit, sous de grièves peines, d’en composer à l’avenir. Cette précaution fut inutile ; on conserva le secret de composer cette liqueur et elle fait encore maintenant les délices des tables chinoises.


TI KI. Second empereur.
A régné neuf ans.


Tout l’empire applaudit à un si digne successeur du grand empereur et les peuples retrouvant dans le fils les mêmes qualités qu’ils avaient admirées dans le père, se consolèrent plus aisément de la perte qu’ils venaient de faire.

Le commencement de son règne fut troublé par la guerre, que lui déclara un prince tributaire, qui traitait durement ses sujets, et qui avait pris le dessein de rendre son autorité indépendante. L’empereur se mit à la tête de son armée, et avec le secours de six princes tributaires, dont elle fut fortifiée, il réduisit le rebelle, et le mit hors d’état de causer du trouble.

Les peuples ne jouirent pas longtemps du bonheur, qu’ils commençaient à goûter sous le gouvernement d’un si sage prince : ils le perdirent l’année vingt-neuvième du cycle, et son fils Tai kang lui succéda.


TAI KANG. Troisième empereur.
A régné vingt-neuf ans.


Il commença son règne par ériger plusieurs terres en principautés, qu’il partagea entre les cinq frères, afin de diminuer la jalousie qu’ils pouvaient avoir de la préférence qu’on lui avait donné sur eux. Mais ce fut-là le seul trait de sagesse qui lui échappa pendant son règne.

Bien différent de ses prédécesseurs, qui étaient tout occupés du gouvernement de l’État, il en abandonna absolument le soin, pour se livrer avec fureur à la passion du vin et des femmes. Son palais était rempli de femmes débauchées. Il passait les jours entiers dans les bois à poursuivre les bêtes fauves : ses chevaux et ses chiens désolaient les campagnes, et ravageaient les moissons : ce fut un cri général de tout le peuple, que cette tyrannie réduisait au désespoir. Enfin les cris et les remontrances ayant été inutiles, la révolte devint générale.

Ce fut un de ses principaux officiers nommé Y, qui entreprit de lui ôter la couronne. Il était à la tête des troupes, qui avaient