Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/477

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

arraché la coupe empoisonnée qu’elle lui présenta, et dans laquelle il était prêt de boire. Elle éleva ses parents aux plus grandes charges, et confia à deux de ses créatures le commandement de toutes les troupes de l’empire.

Cependant Hoei ti accablé des infirmités que lui avaient causé ses débauches, mourut la cinquantième année du cycle. Liu heou sa mère, qui craignit qu’on ne pensât, comme il était naturel, à mettre sur le trône un des frères de l’empereur, supposa un enfant qu’elle acheta d’une paysanne, et s’en déclara tutrice ; et comme cette supercherie pouvait être découverte tant que vivrait la mère, elle la fit étrangler.


LIU HEOU. Usurpatrice.
A régné huit ans.


Ce n’était pas assez pour cette princesse d’avoir tiré ses parents de la poussière, pour les élever aux principales dignités de l’Empire ; elle voulut encore se rendre maîtresse des couronnes tributaires, et il en coûta la vie à un de ses ministres, qui eut le courage de lui représenter, que ces souverainetés appartenaient de droit aux princes de la race de Han, et que son mari avait fait jurer tous les gouverneurs, qu’ils maintiendraient ce droit, même par la voie des armes, s’il en était nécessaire.

Elle se crut assez puissante pour n’avoir rien à craindre ; et en effet elle disposa de quelques provinces, qu’elle donna en souveraineté à ses parents, à condition de lui en faire hommage. Elle fit mourir ensuite le jeune enfant dont elle s’était déclarée tutrice, et révéla par là le secret de l’artifice que son ambition lui avait suggéré.

Sa famille abusant de la faveur où elle se trouvait, se rendait insupportable par ses hauteurs et par sa fierté, et les Grands prenaient des mesures pour la faire rentrer dans le néant, d’où elle était sortie, lorsque la mort enleva cette abominable princesse. Elle mourut tout à coup la cinquante-huitième année du cycle.

Sa mémoire fut si détestée, qu’il ne se trouva personne qui prît les intérêts de sa famille. L’empire en fut purgé par le massacre qu’on fit de tous ceux qui la composaient. On songea aussitôt à élire un empereur, et l’on jeta les yeux sur le souverain d’un petit État, qui était le second fils de Cao tsou, lequel monta paisiblement sur le trône, et prit le nom de Ven ti.