Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/549

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étant retourné dans sa maison, il les réunit ensemble le plus proprement qu’il lui fut possible ; dès le lendemain il parut devant l’empereur dans la posture la plus respectueuse, et lui présenta une seconde fois le même placet.

L’empereur, loin de s’aigrir contre son ministre, admira sa confiance et sa fermeté, et pour le récompenser d’une vertu si rare, il le mit à la tête de ses colao.

Il donna dans une autre occasion une grande preuve de la sensibilité de son cœur pour ses peuples. Kao pin assiégeait la ville de Nan king et l’avait réduite aux abois. L’empereur prévoyant le carnage qui suivrait infailliblement la prise de cette place, feignit d’être malade. Les principaux officiers en furent alarmés, et environnant le lit du prince, chacun d’eux lui suggérait quelque remède. « Le remède le plus efficace, répondit l’empereur, et dont j’attends la guérison, ne dépend que de vous. Assurez-moi par serment que vous ne verserez point le sang des citoyens. » Tous jurèrent, et l’empereur parut aussitôt guéri.

Par les sages précautions que prirent les chefs de l’armée, il ne se fit aucune violence, quoique cependant ils ne purent si bien arrêter la licence du soldat, qu’il n’y eût quelques habitants de tués, mais en très petit nombre.

C’est ce qui tira des larmes des yeux de l’empereur : « Quelle triste nécessité, s’écria-t-il, que celle de la guerre qui ne peut se faire sans qu’il en coûte la vie à des innocents ! » Et comme cette ville avait été longtemps affamée pendant le siège, il y envoya aussitôt après qu’elle fut prise, cent mille muids de riz pour être distribués à tous ses habitants.

Pour exciter l’émulation, et inspirer encore plus d’ardeur pour les lettres, il visita lui-même le lieu de la naissance du célèbre Confucius, et composa son panégyrique : il honora aussi un de ses descendants d’un titre d’honneur, qui lui donnait un grand rang dans l’empire.

Tai tsou mourut la treizième année du cycle ; il avait déclaré pour héritier Tai tsong son frère, qui lui avait été recommandé par sa mère au lit de la mort.


TAI TSONG. Second empereur.
A régné vingt-un ans.


Ce fut un prince plein de modération, et grand protecteur des gens de lettres. Il était savant lui-même, et une partie de la journée, il l’employait à la lecture. Il s’était fait une très riche bibliothèque, composée, à ce qu’on assure, de 80 mille volumes.