Page:Du halde description de la chine volume 1.djvu/574

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levait sur le peuple, et il donna d’autres marques de la bonté de son naturel, et de sa compassion pour les malheureux, qui promettaient un règne des plus fortunés. Mais il fut troublé dès les commencements par les prétentions ambitieuses des oncles de ce prince, qui étaient les propres fils du défunt empereur.

Ils ne purent souffrir qu’on eût jeté les yeux sur un enfant préférablement à tant de princes d’un âge mûr, et capables de gouverner par eux-mêmes l’empire. Ils attribuèrent ce choix, qu’avait fait leur père, aux menées secrètes des colao, dont ils avaient découvert en partie les intrigues.

Celui qui parut le plus irrité, fut le quatrième fils de Tai tsou, qui était roi de Peking : il prit les armes pour venger, disait-il, cette injustice, et en punir les auteurs. La cour fit partir une grosse armée, pour s’opposer à ses projets. Il se livra un long et rude combat, où il y eut beaucoup de sang chinois répandu : on offrit la paix ; mais Yong lo (c’est ainsi que s’appelait le roi de Peking) rejeta toute proposition, jusqu’à ce qu’on lui eût livré les ministres de l’empereur, et sur le refus qu’on en fit, il poursuivit sa marche, et arriva avec son armée près de la ville impériale.

Un traître nommé Li king long lui en ouvrit les portes. Il se fit dans la ville un grand carnage, et le palais de l’empereur fut mis en cendres. On apporta au vainqueur le corps du jeune empereur à demi brûlé : il ne put refuser des larmes à ce spectacle, et il lui fit faire des obsèques convenables à sa dignité.

Ce fut principalement sur les ministres que tomba toute la colère du vainqueur : il en fit expirer un grand nombre dans les tourments : plusieurs prévinrent par une mort volontaire les supplices auxquels ils étaient destinés. D’autres se firent raser la tête, et échappèrent à sa fureur sous des habits de bonzes.

Ainsi périt cet empereur à l’âge de dix-sept ans, la quatrième année de son règne, et la vingtième du cycle. Yong lo, qui prit le nom de Tching tsou, s’empara du trône de son neveu.


TCHING TSOU ou YONG LO. Troisième empereur.
A régné vingt-trois ans.


Ce prince eut de la grandeur d’âme, et une sagesse peu ordinaire, mais il se rendit d’abord redoutable par les cruels exemples qu’il donna de sa sévérité. Il établit ses frères dans leurs dignités, et les maintint dans la possession de leurs revenus. Il récompensa avec la même libéralité tous ceux qui l’avaient aidé à monter sur le trône, à la réserve du traître Li king long.