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Ce malheureux commit un nouveau crime, et ayant été condamné à la mort, il eut l’insolence de reprocher à Tching tsou, qu’il récompensait bien mal un homme à qui il était redevable de sa couronne : « Règneriez-vous, lui dit-il, si je ne vous avais pas ouvert les portes de la ville ? » « Traître, lui répondit l’empereur, c’est à ma bonne fortune, et non pas à ta perfidie, que je dois ma couronne. Tout autre que moi, s’il se fût présenté avec les mêmes forces, ne lui aurais-tu pas ouvert les portes ? »

Un grand nombre de jeunes gens s’étant consacrés à la secte des bonzes avant l’âge de quarante ans, contre la loi qu’avait porté son père, il les fit tous sortir de leurs monastères. Il fit aussi brûler tous les livres de chimie qui traitaient du prétendu secret de se rendre immortel.

L’année septième de son règne il quitta la ville de Nan king où était sa cour et la transporta à Peking ; il laissa son fils héritier à Nan king avec un nombre de tribunaux et de mandarins pareils à ceux qui étaient établis à Peking.

Un jour on vint lui offrir des pierres précieuses trouvées dans une mine qui avait été découverte dans la province de Chan si : il la fit fermer aussitôt, ne voulant point disait-il, fatiguer son peuple d’un vain travail, d’autant plus que ces pierres, toutes précieuses qu’elles paraissaient, ne pouvaient, ni nourrir, ni vêtir son peuple dans un temps de stérilité. Il fit fondre cinq cloches d’airain qui pesaient chacune 120 mille livres.

L’année treizième du cycle il chargea quarante-deux docteurs de la cour nommés Han lin, de donner des explications plus amples aux anciens livres classiques, et de s’attacher aux idées des deux auteurs nommés Tching tse et Tchu tse, qui les avaient interprétés à leur manière, environ trois cents ans auparavant sous la dynastie des Song.

Ces docteurs firent un autre ouvrage intitulé Sing li ta tsuen, c’est-à-dire, la philosophie naturelle, où paraissant ne point s’écarter de l’ancienne doctrine, ils tâchaient de l’accommoder aux inventions d’un vain système, qui la renversait totalement.

Comme cet ouvrage fut imprimé par autorité de l’empereur, que les auteurs tenaient un rang distingué dans l’État, et qu’il y a des esprits avides de tout ce qui a l’air de nouveauté, il n’est pas surprenant que quelques lettrés aient embrassé une doctrine aussi peu sensée dans ses principes, qu’elle est dangereuse pour les mœurs.

Yong lo, ou Tching tsou, mourut la quarante-unième année du cycle, âgé de soixante-trois ans. Son fils Gin tsong lui succéda.