Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/389

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

comme je le méritais, les coups que vous me donniez me causaient de la douleur ; aujourd’hui que je n’en sens point, je m’aperçois que vos forces ont beaucoup diminué : voilà ce qui m’afflige. Cette réponse si pleine de soumission et de tendresse, étant devenue publique, fit beaucoup d’honneur à Ouei pe yu.


REMARQUE.


Au reste, ce n’est point l’espérance de recueillir un riche héritage, qui rend les Chinois si soumis à leurs parents : les mères en particulier n’ont point de testament à faire. D’ailleurs une bonne preuve que ce respect filial a dans le cœur un autre principe, c’est que cette tendresse pour un père et pour une mère, dure à la Chine après leur mort, au lieu qu’en Europe ils sont souvent bientôt oubliés.


IX

Sous le règne des Song, un nommé Keou hai kang, dont le père avait été grand mandarin, aimait dans sa jeunesse le plaisir et les divertissements : il perdait beaucoup de temps à se promener à cheval, ou à la chasse du faucon et de l’épervier. Sa mère se fâchait souvent contre lui à ce sujet. Un jour, perdant patience, elle lui jeta le premier meuble qui lui tomba sous la main : il en fut blessé au pied ; il comprit alors combien sa conduite déplaisait à sa mère. Il changea, et devint très appliqué à l’étude des livres ; ce qui l’éleva à de grandes charges. Après la mort de sa mère, il ne voyait, ni ne touchait jamais la cicatrice de sa plaie, qu’il ne fût attendri, et qu’il n’éclatât en soupirs et en sanglots, regrettant une si bonne mère, qui avait eu si fort à cœur la réforme de sa vie, et l’amendement de ses mœurs.


X

La repartie de Sie tchang, qui n’était âgé que de huit ans, fut applaudie dans une compagnie de savants. Son père le menait par la main dans les assemblées de lettrés, où il assistait. Ce jeune enfant avait un air grave, sérieux, et modeste, beaucoup au-dessus de son âge. Un jour dans un cercle de savants, où il était, on s’avisa de dire à son père : En vérité, votre fils est un autre Yen hoei. C’était un des élèves de Confucius, le plus respecté, dit-on, pour sa vertu, et digne disciple d’un tel maître. Sie tchang répliqua aussitôt : On ne voit pas de nos jours un second Confucius ; comment se trouverait-il un autre Yen hoei ?


XI

Le fameux Yang sieou est venu de la plus basse extraction ; on le voit dans une des estampes du livre en question, représenté si pauvre, que n’ayant pas de quoi aller à l’école, ni de quoi acheter des plumes et du papier, pour apprendre à écrire, sa mère avec une baguette lui formait sur le sable les caractères, et les lui faisait ensuite lire et imiter.


XII

Fan chun gin passait les nuits à étudier, et devint par son travail grand