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mandarin. Sa femme après sa mort, pour animer ses enfants à l’étude, leur montrait souvent le tour de lit, dont leur père s’était servi avant que d’être docteur. Remarquez, disait-elle, comment le ciel de ce lit est tout noir de la fumée de la lampe : votre père ne pouvait quitter les livres, pour prendre un peu de repos ; c’est ce qui l’a élevé jusqu’à être ministre d’État.


REMARQUE.


Il arrive souvent que les enfants ou les petits-fils de mandarins, retombent par leur indolence dans l’état de roture et de pauvreté dont leurs parents s’étaient tirés ; pendant que d’autres par une étude opiniâtre font de grandes fortunes.


XIII

Se ma yung si connu des savants, dès l’âge de sept ans, oubliait de boire et de manger, et semblait être insensible au froid et au chaud tant il était attaché à ses livres. A quinze ans il y avait peu de livres qu’il ne possédât, (c’est-à-dire, qu’il pouvait réciter plusieurs volumes.) Afin de s’empêcher de dormir, il se servait pour chevet d’un billot extrêmement rond ; lorsqu’accablé de sommeil, le livre lui tombait des mains, sa tête penchait sur le chevet : il était bientôt réveillé par le moindre mouvement qu’il donnait à ce chevet dur et glissant.


XIV

Un autre nommé Tsun king, qu’on appela le docteur à huit clos, Pi hou, parce qu’il sortait rarement, pour résister au sommeil en étudiant, avait suspendu une corde au haut du plancher, à laquelle ses cheveux étaient noués : c’était là ce qui le défendait des surprises du sommeil.

Un autre qui était très pauvre, au fort de l’hiver, lisait ses livres à la clarté de la lune. Un autre appelé Tche ing ayant fermé dans une gaze fort déliée des vers luisants, appliquant sa gaze aux lignes de son livre, étudiait une partie de la nuit.


REMARQUE.


Au reste, ce n’est point pour avoir passé un petit nombre d’années sur les livres, qu’un pauvre lettré parvient à une meilleure fortune : il lui faut une constance à toute épreuve : elle est assez bien exprimée par le trait suivant.


XV

Li pe, qui devint un des premiers docteurs de la cour sous le règne des Han, s’était adonné à l’étude dès sa plus tendre jeunesse : il revenait une année de l’examen général de toute la province ; et chagrin de n’avoir pas réussi, il désespéra d’obtenir jamais le degré de sieou tsai. Ainsi il résolut de renoncer aux lettres, et de tourner ses vues d’un autre côté. Comme il roulait cette pensée dans sa tête, il rencontra une vieille femme, qui