Page:Du halde description de la chine volume 2.djvu/637

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Il ne suffirait pas même pour parer à ces inconvénients, que vos ministres et vos grands officiers pénétrassent la droiture de vos intentions, et approuvassent votre choix. Car enfin, le moyen qu’ils allassent de porte en porte le justifier à tout l’empire ? J’aimerais naturellement autant qu’un autre à voir augmenter mes richesses et mes titres. Je suis fort éloigné d’être insensible aux nouveaux honneurs que V. M. veut bien m’offrir. D’ailleurs la manière dont elle l’a fait, et le rang qu’elle tient, me font craindre qu’elle ne s’offense de mon refus, et que ce refus ne m’expose à perdre mon rang, ou même la vie. Quoique j’aie bien peu de lumières, je ne suis pas aveugle jusqu’à ce point, que de vouloir sans raison m’exposer à vous déplaire, et à tout ce qui peut s’ensuivre. Mais instruit par les événements des temps passés, je crains d’être une occasion de troubles, et le bien de votre État m’est infiniment plus cher que ma fortune et que ma vie. C’est ce qui m’a fait souhaiter plus d’une fois de me retirer ; et c’est aussi ce qui m’engage à refuser le nouvel emploi dont V. M. m’honore. Pesez, je vous en prie, le motif que j’ai de vous représenter librement, qu’il ne convient point que je l’accepte. Si V. M. juge que de lui résister ainsi, ce soit un crime, j’en subirai le châtiment sans regret, et je regarderai le jour de ma mort, comme le commencement de ma vie.


Ming ti se rendit à ces représentations, et nomma un autre.


L’empereur Hiao ven ti par une déclaration publique invita tous ses sujets à l’aider de leurs conseils. Après avoir exposé dans sa déclaration ce qu’on a déjà vu dans d’autres semblables, l’exemple des sages et fameux empereurs de l’antiquité, et les inconvénients de la pratique contraire à la leur, il conclut sa déclaration en ces termes.


Notre intention est donc, et nous souhaitons fort que tous nos sujets, depuis nos plus grands officiers jusqu’aux plus petits, les simples lettrés, les marchands, les artisans et autres, nous exposent ce qu’ils croiront être avantageux à l’État, et capable de contribuer au bonheur des peuples. De même ce qu’ils jugeront être défectueux dans le gouvernement présent, et surtout ce qui leur paraîtra pouvoir nuire aux bonnes mœurs et à la vertu. Je leur recommande à tous non seulement de ne me rien cacher en ce genre, mais encore de s’expliquer librement et sans détour. Ce ne sont point de beaux et de longs discours que je demande, mais de bons mémoires courts et pleins, que je puisse examiner par moi-même. Il sera d’autant plus facile à ceux qui me les donneront, d’y éviter