Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/108

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et mélancolique. Ce dernier, suivant le caractere propre à son temperament qui est l’obstination, commet le crime avec constance. On n’apperçoit sur son visage que de la fureur et de la rage. Le sanguin paroît attendri, et l’on voit bien que, malgré son emportement, il sent déja des remords qui le font chanceler dans sa résolution. C’est le caractere des hommes de ce temperament. Assez violens pour se venger, ils ne sont point assez durs pour voir les suites de leur vengeance sans être émus par des mouvemens de compassion. Il est facile de conclure après ce que je viens d’exposer, que la peinture se plaît à traiter des sujets où elle puisse introduire un grand nombre de personnages interessez à l’action. Tels sont les sujets dont nous avons parlé, et tels sont encore le meurtre de Cesar, le sacrifice d’Iphigenie, et plusieurs autres qu’il seroit superflu d’indiquer. L’émotion des assistans les lie suffisamment à une action, dès que cette action les agite. L’émotion de ces assistans les rend, pour ainsi dire, des acteurs dans un tableau, au lieu qu’ils ne seroient que de simples spectateurs dans un poëme. Par exemple, un poëte qui traiteroit le sacrifice