Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/153

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trouvent parsemez de ces gentillesses. Monsieur Woton qui a pris le parti des modernes en Angleterre, et qui a défendu contre Mylord Orery la même cause que Monsieur Perrault avoit soutenuë en France, abandonna son compagnon d’armes dans cette lice. Il en veut point passer à nos poëtes pour un merite, ce jargon plein de fadeur, selon lui, qu’on appelle galanterie. C’est, ajoute l’auteur anglois, un sentiment qui n’est pas dans la nature, une des affectations extravagantes que le mauvais goût du siecle a mis à la mode. Ovide et Tibulle n’ont point mis de galanterie dans leurs écrits. Dira-t-on qu’ils ne connoissoient pas le cœur humain et les tempêtes que toutes les passions amoureuses y sçavent exciter ? L’émotion qu’on éprouve en lisant leurs vers fait bien sentir que la nature même s’y explique en sa propre langue. Les poëtes et les faiseurs de romans, continuë Monsieur Woton, comme D’Urfé, La Calprenede et leurs semblables, qui, pour avoir occasion de faire parade de leur esprit, nous peignent leurs personnages pleins à la fois d’amour et d’enjouëment,

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et qui en font des discou