Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/168

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de tous les traits qui peignent l’avare, que nous le sommes, si Harpagon exerçoit sa lezine sur la dépense d’une maison reglée suivant l’oeconomie des maisons d’Italie. Nous reconnoissons toujours les hommes dans les heros des tragedies, soit que leur scene soit à Rome ou à Lacedemone, parce que la tragedie nous dépeint les grands vices et les grandes vertus. Or les hommes de tous les païs et de tous les siecles sont plus semblables les uns aux autres dans les grands vices et dans les grandes vertus, qu’ils ne le sont dans les coûtumes, dans les usages ordinaires, en un mot dans les vices et les vertus que la comedie veut copier. Ainsi les personnages de comedie doivent être taillez, pour ainsi dire, à la mode du païs pour qui la comedie est faite. Plaute et Terence, dira-t-on, ont mis la scene de la plûpart de leurs pieces dans un païs étranger par rapport aux romains pour qui ces comedies étoient composées. L’intrigue de leurs pieces suppose les loix et les mœurs grecques. Mais si cette raison fait une objection contre mon sentiment : elle ne suffit point pour prouver le sentiment

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