Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/189

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dans leur histoire, et s’il ne leur parle point des personnages et des évenemens ausquels ils prennent déja un interêt, s’il est permis de parler ainsi, national. Tous les endroits de l’histoire de France qui sont memorables, ne nous interessent pas même également. Nous ne prenons un grand interêt qu’à ceux dont la memoire est encore recente. Les autres sont presque devenus pour nous les évenemens d’une histoire étrangere, d’autant plus que nous n’avons pas le soin de perpetuer le souvenir des jours heureux à la nation par des fêtes et par des jeux annuels, ni celui d’éterniser la memoire de nos heros, ainsi que le pratiquoient les grecs et les romains. Combien peu y en a-t-il parmi nous qui s’affectionnent aux évenemens arrivez sous Clovis et sous la premiere race de nos rois. Pour rencontrer dans notre histoire un sujet qui nous interessât vivement, je ne crois pas qu’il fallut remonter plus haut que Charles Vii. Il est vrai que les raisons que nous avons alleguées pour montrer qu’on ne devoit point prendre une action trop recente pour le sujet d’une tragedie, prouvent aussi qu’une action trop recente ne doit pas être le sujet d’un

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