Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/198

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ie De Medicis plairoit davantage, si Rubens au lieu du genie et des autres figures allegoriques, qui entrent dans l’action du tableau, y avoit fait paroître celles des femmes de ce tems-là qui pouvoient assister aux couches de la reine. On le regarderoit avec plus de satisfaction si Rubens avoit exercé sa poësie à répresenter les unes contentes, les autres transportées de joïe, quelques-unes sensibles aux douleurs de la reine, et d’autres un peu mortifiées de voir un dauphin en France. Les peintres sont poëtes, mais leur poësie ne consiste pas tant à inventer des chimeres ou des jeux d’esprit, qu’à bien imaginer quelles passions et quels sentimens l’on doit donner aux personnages suivant leur caractere et la situation où l’on les suppose, comme à trouver les expressions propres à rendre ces passions sensibles et à faire deviner ces sentimens. Je ne me souviens pas que Raphael ni le Poussin aïent jamais fait l’usage vicieux des personnages allegoriques que j’ose critiquer dans le tableau de Rubens. Mais, me dira-t-on, les peintres ont été de tout-tems en possession de peindre

p189

des tritons et des nér