Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/199

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eïdes dans leurs tableaux, quoiqu’on n’en ait jamais vû dans la nature. Pourquoi donc reprendre Rubens de les avoir introduits dans le tableau qui répresente l’arrivée de Marie De Medicis à Marseille. Le nud de ces divinitez fait un effet merveilleux dans la composition, parmi tant de figures habillées que l’histoire obligeoit d’y mettre. Je réponds que cette licence donnée aux peintres et aux poëtes, doit s’entendre, comme Horace l’explique lui-même, sed non ut placidis coeant immitia. C’est-à-dire que cette licence ne s’étend point à rassembler en un même tableau des choses incompatibles, comme sont l’arrivée de Marie De Medicis à Marseille, et des tritons qui sonnent de leurs conques dans le port. Marie De Medicis n’a jamais dû se rencontrer en un même lieu avec des tritons, quand bien même on supposeroit un lieu pittoresque, comme Monsieur Corneille vouloit qu’on supposât un lieu théatral. Si Rubens avoit besoin de figures nuës pour faire

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