Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/218

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convient au lieu où le tableau se trouve placé ; saint Dominique couvre le monde de son manteau et du rosaire. Je crois voir trop d’esprit dans la répresentation d’un sujet aussi terrible. Les hommes inspirez pouvoient bien emploïer des paraboles, pour nous exposer plus sensiblement les veritez que Dieu nous reveloit par leur bouche. Dieu leur inspiroit lui-même les figures dont ils devoient se servir, et l’application qu’il en falloit faire. Mais c’est assez d’honneur à nos peintres que d’être admis à répresenter historiquement ceux des évenemens de nos mysteres, qui peuvent être mis sous nos yeux. Il ne leur est point permis d’inventer des fictions, et de s’en servir à leur gré, pour exposer de pareils sujets. Ce que je dis des peintres je le pense des poëtes, et je n’approuve pas plus le poëme de Sannazar, sur les couches de la vierge, ni les visions de L’Arioste, que la composition dont Rubens s’est servi pour répresenter le merite de l’intercession des saints. Vous reduisez donc les peintres à la condition de simples historiens, m’objectera-t-on, sans faire attention que l’invention et la poësie sont de l’essence de la peinture ? Vous voulez éteindre