Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/24

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du mouvement son corps s’écartoit d’un point de la ligne qu’il doit décrire, il devient un objet digne de toute notre curiosité. Qu’on mette deux bâtons à la place des épées, que le voltigeur fasse tendre sa corde à deux pieds de hauteur sur une prairie, il fera en vain les mêmes sauts & les mêmes tours : on ne daignera plus le regarder ; l’attention du spectateur cesseroit avec le danger.

D’où venoit le plaisir extrême que les romains trouvoient aux spectacles de l’amphithéatre. On y faisoit déchirer des hommes vivans par des bêtes feroces. Les gladiateurs s’entregorgeoient par troupes sur l’arene. On rafinoit même sur les instrumens meurtriers que ces malheureux devoient mettre en œuvre pour s’entretuer. Ce n’étoit point au hazard qu’on avoit armé le gladiateur retiaire d’une façon & le mirmillon d’une autre ; on avoit cherché entre les armes offensives et les armes défensives de ces quadrilles une proportion qui rendît leurs combats plus longs et plus remplis d’évenemens. On vouloit que la mort y vînt à pas plus lents & plus affreux. D’autres quadrilles combattoient avec d’autres armes. On vouloit