Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/25

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diversifier les genres de mort de ces hommes souvent innocens. On les nourrissoit même avec des pâtes et des alimens propres à les tenir dans l’embonpoint, afin que le sang s’écoulât plus lentement par les blessures qu’ils recevroient, & que le spectateur pût jouir ainsi plus long-tems des horreurs de leur agonie. La profession d’instruire les gladiateurs étoit devenuë un art : le goût que les romains avoient pour ces combats leur avoit fait rechercher de la délicatesse & introduire des agrémens dans un spectacle que nous ne sçaurions imaginer aujourd’hui sans horreur. Il falloit que les maîtres d’escrime qui instruisoient les gladiateurs, leur montrassent non-seulement à se bien servir de leurs armes, mais il falloit encore qu’ils enseignassent à ces malheureuses victimes dans quelle attitude il falloit se coucher, & quel maintien il falloit tenir lorsqu’on étoit blessé mortellement. Ces maîtres leur apprenoient, pour ainsi dire, à expirer de bonne grace.

Ce spectacle ne s’introduisit point à Rome à la faveur de la grossiereté des cinq premiers siecles qui s’écoulerent immediatement