Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/266

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aux personnages d’un tableau leur tête, et leur caractere connu, quand ils en ont un, soit que ce caractere ait été pris sur des portraits, soit qu’il ait été imaginé. Nous parlerons tantôt plus au long de ces caracteres connus. Quoique tous les spectateurs deviennent des acteurs dans un tableau, leur action néanmoins ne doit être vive qu’à proportion de l’interêt qu’ils prennent à l’évenement dont on les rend témoins. Ainsi le soldat qui voit le sacrifice d’Iphigenie doit être émû, mais il ne doit point être aussi émû qu’un frere de la victime. Une femme qui assiste au jugement de Suzanne, et qu’on ne reconnoît point à son air de tête ou à ses traits pour être la sœur ou la mere de Suzanne, ne doit pas montrer le même degré d’affliction qu’une parente. Il faut qu’un jeune homme applaudisse avec plus d’empressement qu’un vieillard. L’attention à la même chose est encore differente en ces deux âges. Le jeune homme doit paroître livré pleinement à tel spectacle que l’homme d’experience ne doit voir qu’avec une legere attention. Le spectateur, à qui l’on donne la phisionomie d’un homme d’esprit, ne doit point admirer comme celui

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qu’on a caracterisé par une phisio