Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/267

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

nomie stupide. L’étonnement d’un roi ne doit point être celui d’un homme du peuple. Un homme qui écoute de loin ne doit pas se présenter comme celui qui écoute de près. L’attention de celui qui voit est differente de l’attention de celui qui ne fait qu’entendre. Une personne vive ne voit pas et n’écoute pas dans la même attitude qu’une personne mélancolique. Le respect et l’attention que la cour d’un roi de Perse témoigne pour son maître, doivent être exprimez par des demonstrations qui ne conviennent pas à l’attention de la suite d’un consul romain pour son magistrat. La crainte d’un esclave n’est pas celle d’un citoïen, ni la peur d’une femme celle d’un soldat. Un soldat qui verroit le ciel s’entr’ouvrir ne doit pas même avoir peur comme une personne d’une autre condition. La grande fraïeur peut rendre une femme immobile ; mais le soldat éperdu doit encore se mettre en posture de se servir de ses armes, du moins par un mouvement purement machinal. Un homme de courage, attaqué d’une grande douleur, laisse bien voir sa souffrance peinte sur son visage ; mais elle n’y doit point paroître telle qu’elle

p258