Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/270

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peut sçavoir. Les mêmes regles veulent encore qu’on donne aux differentes nations qui paroissent ordinairement sur la scene des tableaux, la couleur de visage et l’habitude de corps que l’histoire a remarqué leur être propres. Il est même beau de pousser la vrai-semblance jusques à suivre ce que nous sçavons de particulier des animaux de chaque païs, quand nous répresentons un évenement arrivé dans ce païs-là. Le Poussin qui a traité plusieurs actions, dont la scene est en égypte, met presque toujours dans ses tableaux des bâtimens, des arbres ou des animaux, qui, par differentes raisons, sont regardez comme étans particuliers à ce païs. Monsieur Le Brun a suivi ces regles dans ses tableaux de l’histoire d’Alexandre avec la même ponctualité. Les perses et les indiens s’y distinguent des grecs à leur phisionomie autant qu’à leurs armes. Leurs chevaux n’ont pas le même corsage que ceux des macedoniens. Conformément à la verité, les chevaux des perses y sont répresentez plus minces. J’ai entendu dire à M Perrault que son ami M Le Brun avoit fait dessiner à Alep des chevaux de

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