Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/278

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d’autres figures au sacrifice où l’on doit immoler cette princesse. Il doit y tenir la place la plus remarquable après celle de la victime. Rien n’est plus insupportable que des figures indifferentes placées dans le milieu d’un tableau. Un soldat ne doit pas être vêtu aussi richement que son general, à moins qu’une circonstance particuliere ne demande que cela soit ainsi. Comme nous l’avons déja dit en parlant de la vrai-semblance, tous les personnages doivent faire les démonstrations qui leur conviennent, et l’expression de chacun d’eux doit être conforme au caractere qu’on lui fait soutenir. Sur tout il ne faut pas qu’il se trouve dans le tableau des figures oiseuses, et qui ne prennent point de part à l’action principale. Elles ne servent qu’à distraire l’attention du spectateur. Il ne faut pas encore que l’artisan choque la décence ni la vrai-semblance pour favoriser son dessein ou son coloris, et qu’il sacrifie ainsi la poësie à la mécanique de son art. Le talent de la composition poëtique et le talent de la composition pittoresque sont tellement separez, que nous voïons des peintres excellens dans l’une, être grossiers dans l’autre. Paul Veronese,