Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/283

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le rapport qu’ils doivent avoir. Si cette faute consiste, comme celle du Bandinelli, dans une figure de femme plus haute qu’une figure d’homme d’égale dignité, elle est facilement remarquée, puisque ces deux figures sont l’une à côté de l’autre. Il n’en est pas de même d’un poëme de quelque étenduë. Comme nous ne voïons que successivement un poëme dramatique ou un poëme épique, et comme il faut emploïer plusieurs jours à lire ce dernier, les défauts qui sont dans l’ordonnance et dans la distribution de ces poëmes ne viennent pas sauter aux yeux comme des défauts pareils qui sont dans un tableau. Pour remarquer les fautes relatives d’un poëme, il faut se rappeller ce qu’on a déja vû ou entendu, et retourner pour ainsi dire sur ses pas afin de comparer les objets qui manquent de rapport ou de proportion. Par exemple, il faut se ressouvenir que l’incident qui fait le dénouement dans le cinquiéme acte n’aura point été suffisamment préparé dans les actes précedens, ou qu’une chose dite par un personnage dans le quatriéme acte dément le caractere qu’on lui a donné dans le premier. Voilà ce que tous les hommes n’observent point toujours :