Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/289

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dans une passion tragique. Nous avons déja dit que les églogues empruntoient leurs peintures et leurs images des objets qui parent la campagne et des évenemens de la vie rustique. La poësie du stile de la satire doit être nourrie des images les plus propres à exciter notre bile. L’ode monte dans les cieux, pour y emprunter ses images et ses comparaisons du tonnerre, des astres et des dieux mêmes. Mais ce sont des choses dont l’experience a déja instruit tous ceux qui aiment la poësie. Il faut donc que nous croïions voir pour ainsi dire, en écoutant des vers : ut pictura poësis, dit Horace. Cleopatre s’attireroit moins d’attention, si le poëte lui faisoit dire en stile prosaïque aux ministres odieux de son frere : aïez peur, méchans : Cesar qui est juste va venir la force à la main : il arrive avec des troupes. Sa pensée a bien un autre éclat : elle paroît bien plus relevée, lorsqu’elle est revêtuë de figures poëtiques, et lorsqu’elle met entre les mains de Cesar l’instrument de la vengeance de Jupiter. Ce vers : tremblez, méchans, tremblez : voici venir la foudre.

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