Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/288

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se servit dans son recit des figures qu’un homme saisi, et qui ne songe point à être pathetique, ne trouve pas. D’ailleurs ces évenemens prodigieux veulent que le poëte leur procure la croïance du spectateur autant qu’il est possible, et un moïen de la leur procurer, c’est de les faire raconter dans les termes les plus simples et les moins capables de faire soupçonner celui qui parle d’exageration. Mais, comme je viens de le dire, il faut qu’hors de ces deux occasions le stile de la poësie soit rempli de figures qui peignent si bien les objets décrits dans les vers, que nous ne puissions les entendre sans que notre imagination soit continuellement remplie des tableaux qui s’y succedent les uns aux autres, à mesure que les periodes du discours se succedent les unes aux autres. Chaque genre de poëme a quelque chose de particulier dans la poësie de son stile. La plûpart des images dont il convient que le stile de la tragedie soit nourri, pour ainsi dire, sont trop graves pour le stile de la comedie. Du moins le poëte comique ne doit-il en faire qu’un usage très-sobre. Il ne doit les emploïer que pour faire parler Chrémes, lorsque ce personnage entre pour un moment