Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/309

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marque le tems, la personne, le nombre et le mode. Si quelques desinances sont semblables, le sens de la phrase leve l’ambiguité. à douze ans on ne s’y trompe pas, et à quatorze on n’y hesite plus. On ne conjugue en françois la plûpart des tems des verbes qu’avec le secours de deux autres verbes, que pour cela même nous appellons des verbes auxiliaires, sçavoir le verbe possessif avoir, et le verbe substantif être. Si les latins étoient obligez de s’aider d’un verbe auxiliaire pour conjuguer quelques tems du passif, nous sommes presque toujours obligez d’y en mettre deux. Pour rendre amatus fui, il faut que nous disions, j’ai été aimé. Il est encore necessaire pour conjuguer les verbes françois que nous nous aidions de l’article, je, tu, il, et du pluriel de cet article, et nous ne pouvons pas encore supprimer la préposition comme les latins le faisoient presque toujours. Le latin dit bien, illum ense occidit ; mais pour dire tout ce qu’il dit en trois mots, il faut que le françois dise, il le tua avec une épée. Ainsi il est aussi clair que le françois est plus long essentiellement que le latin, qu’il est clair qu’un cercle est plus