Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/310

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grand qu’un autre, lorsqu’il faut une plus grande ouverture de compas pour le mesurer. Si l’on allegue qu’il se trouve des traductions latines plus longues que les originaux françois, je répondrai que cette excedence de la traduction arrive ou par la nature du sujet qui est traité dans l’original, ou par la faute du traducteur, mais qu’on n’en sçauroit rien conclure contre la brieveté du latin. En premier lieu un traducteur en latin qui sçait mal cette langue ne rencontrant point assez-tôt le mot propre pour signifier le mot françois qu’il veut rendre, au lieu de le chercher dans un dictionnaire prend le parti d’en exprimer le sens par une periphrase. C’est ainsi que les thémes des écoliers sont souvent plus longs que les discours françois que le regent leur a dicté. En second lieu il arrive que le traducteur latin d’un historien françois qui pour faire le détail d’un siege, d’un combat naval ou d’une séance du parlement a eu sous sa main tous les termes propres qui sont necessaires à sa narration, ne peut trouver des mots reciproques dans la langue latine. Comme les romains ne connoissoient pas les choses dont le

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