Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/321

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natif du verbe, le premier, ensuite le verbe et puis le nom qui est à l’accusatif. Ainsi ce sont les regles de la construction et non pas les principes de l’harmonie qui décident de l’arrangement des mots dans une phrase françoise. Les inversions peuvent bien avoir lieu dans notre langue en certains cas ; mais c’est avec deux restrictions, ausquelles les latins n’étoient point assujettis. Premierement la langue françoise ne permet que l’inversion des membres d’une phrase et non l’inversion des mots qui composent ces membres. Il faut toûjours que l’ordre du regime soit gardé entre ces mots, ce qui n’étoit point necessaire en latin où chaque mot pouvoit être transposé. Secondement nous éxigeons de nos poëtes qu’ils usent encore avec sobrieté des inversions qui leur sont permises. L’inversion et les transpositions qui sont des licences en françois étoient dans la langue latine l’arrangement ordinaire des mots. Cependant les phrases françoises auroient encore plus de besoin de l’inversion pour devenir harmonieuses que les phrases latines n’en avoient besoin. Une moitié des mots de notre langue est terminée par des voyelles, et de ces

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