Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/322

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seule qui s’élide, qu’on me permette ce mot, contre la voyelle qui peut commencer le mot suivant. On prononce donc bien sans peine fille aimable ; mais les autres voyelles qui ne s’élident pas contre la voyelle qui commence le mot suivant, amenent des rencontres de sons desagréables dans la prononciation. Ces rencontres rompent sa continuité et déconcertent son harmonie. Les expressions suivantes font ce mauvais effet. l’amitié abandonnée, la fierté opulente, l’ennemi idolâtre. nous sentons si bien que la collision du son de ces voyelles qui s’entrechoquent est desagréable dans la prononciation, que les regles de notre poësie défendent aujourd’hui la combinaison de pareils mots. Elles défendent la liaison des mots qui commencent et qui finissent par ces voyelles dont la prononciation ne se peut faire sans un hiatus. Cette difficulté ne se presente pas en latin. En cette langue toutes les voyelles font élision l’une contre l’autre, lorsqu’un mot terminé par une voyelle rencontre un mot qui commence par une voyelle. D’ailleurs un latin éviteroit facilement cette collision desagréable à l’aide de son inversion,