Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/327

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

p317

ces regles se dessignent, pour ainsi dire, comme on en fait la figure, en se servant des caracteres differents qui marquent la quantité des syllabes, elles sont aisées à comprendre et faciles à retenir. Un peu de figure fait tout comprendre, dit le proverbe italien. Ne voïons-nous pas en effet que les enfans sçavent par cœur, et qu’ils mettent même en pratique les regles de la poësie latine dès l’ âge de quinze ans, bien que le latin soit pour eux une langue étrangere, qu’ils n’ont apprise que par méthode ? Lorsque la langue latine étoit une langue vivante, ceux qui vouloient faire des vers en cette langue connoissoient déja par l’usage la quantité : c’est-à-dire, la longueur ou la brieveté des syllabes. Aujourd’hui même il ne faut pas mettre sur le compte de la poësie latine la peine d’apprendre cette quantité. Il faut la sçavoir pour être capable de bien parler latin, comme il faut sçavoir la quantité de syllabes de sa langue naturelle pour la bien parler. Dès qu’on sçavoit une fois les regles de la poësie latine, rien n’étoit plus facile que d’arranger les mots suivant un certain métre dans cette langue où