Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/328

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l’on transpose les mots à son gré. La construction de nos vers françois est assujettie à quatre regles. Nos vers doivent être composez d’un certain nombre de syllabes suivant l’espece du vers. Secondement nos vers de quatre, de cinq et de six pieds doivent avoir un repos ou une césure. Troisiémement il faut éviter le concours des syllabes qui ne souffrent pas l’élision. Enfin il faut rimer. Mais la rime seule devient par l’asservissement des phrases françoises à l’ordre naturel des mots, une chaîne aussi gênante pour un poete sensé, que toutes les regles de la poesie latine. En effet, nous n’appercevons gueres dans les poetes latins les plus médiocres, des épithetes oiseuses et mises en œuvre uniquement pour finir le vers, mais combien en voyons-nous dans nos meilleures poesies que la seule necessité de rimer y a introduites ? Après cela que mon lecteur trouve bon que je le renvoïe sur la difficulté de rimer à l’épitre que Despreaux adressa au roi Louis Xiv sur le passage du Rhin, comme à l’épitre que le même poete a écrite à Moliere. On y verra mieux que