Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/333

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effet, parce qu’on aura introduit quelques phrases imitatives dans des vers, il ne s’ensuit pas que ces vers

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soient bons. Il faut que ces phrases imitatives y ayent été introduites sans prejudicier au sens et à la construction grammaticale. Or il ne me souvient que d’un seul morceau de poësie françoise qui soit de cette espece, et qu’on puisse opposer en quelque façon à tant d’autres vers que les latins de tous les temps ont loüez dans les ouvrages des poëtes qui avoient écrit en langue vulgaire. C’est la description d’un assaut qui se trouve dans l’ode de Despreaux sur la prise de Namur. Le poëte y dépeint en phrases imitatives et en vers élegans le soldat qui gravit contre une brêche et qui veut sur les monceaux de piques de corps morts, de rocs, de briques, s’ouvrir un large chemin. Je demande pardon à ceux de nos poëtes qui peuvent avoir composé dans ce goût-là avec autant de succès que Monsieur Despreaux, de ne les point citer, c’est que je ne connois pas leurs vers. Non-seulement la langue françoise n’est pas aussi susceptible de ces beautez que la langue latine ; mais il se trouve encore que nous n’avons pas étudié autant que les romains l’avoient fait, la