Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/336

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

quel doit être le son de chaque syllabe. Elles se contentent de déterminer le nombre

p326

arithmetique des syllabes qui doivent entrer dans chaque espece de vers et de marquer quelles de ces syllabes doivent être longues, quelles doivent être bréves, et où l’on peut choisir de mettre des longues ou des bréves. Elles disent bien par exemple que les deux dernieres syllabes d’un vers hexametre doivent être longues ; mais elles ne disent pas quel doit être le son de ces deux dernieres syllabes. Ainsi les regles de la poësie latine n’introduisent pas dans les vers latins l’harmonie, qui n’est autre chose qu’un mélange agréable de differents sons. C’étoit à l’oreille du poëte à chercher quel étoit le mélange de ces sons le plus propre à produire une harmonie agréable et convenable au sens des vers. Voilà pourquoi les vers de Properce qui n’avoit pas l’oreille aussi délicate que Tibulle pour bien juger du mélange des sons, sont moins harmonieux que ceux de Tibulle dans la prononciation desquels on trouve une suavité singuliere. Quant à la difference qui est entre la cadence des vers élégiaques de ces auteurs ; elle vient de l’affectation de Properce, à imiter la cadence des vers pentametres grecs, et il ne faut pas la confondre avec

p327