Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/339

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oient longues, et que dix syllabes du vers suivant soïent bréves, ces vers qui paroîtront égaux sur le papier seront dans la prononciation d’une inegalité choquante. Ainsi ces vers reciproques et liez ensemble par une rime commune perdront toute la cadence qui pourroit naître de l’égalité de leur mesure. Or ce ne sont pas les yeux, c’est l’oreille qui juge de la cadence des vers. Cet inconvenient, comme je l’ai déja dit, n’arrive point à ceux qui composent des vers latins, les regles le préviennent. Le nombre arithmétique des syllabes qui doivent entrer dans la composition de chaque espece de vers latins, est déterminé avec égard à la longueur ou à la brieveté de ces syllabes. Ces regles qui ont été faites en gardant la proportion convenable à chaque espece de vers entre le nombre arithmétique et la quantité des syllabes, décident en premier lieu que dans tels et tels pieds du vers, il faut mettre des syllabes d’une quantité prescrite. En second lieu, lorsque ces regles laissent au poëte le choix d’emploïer en un certain endroit du vers des syllabes longues ou bien des syllabes bréves ; elles lui enjoignent, s’il se détermine à y

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mettre des syl