Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/340

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labes longues, d’y mettre alors un moindre nombre de syllabes. Si le poëte se détermine en faveur des syllabes bréves, les regles lui prescrivent alors d’en mettre un plus grand nombre. Or comme dans la prononciation une syllabe longue dure deux fois aussi long-tems qu’une syllabe bréve ; tous les vers hexametres latins se trouvent être de même longueur dans la prononciation, bien que les uns contiennent un plus grand nombre de syllabes que les autres. La quantité des syllabes est toûjours compensée par leur nombre arithmétique. Voilà pourquoi les vers hexametres latins sont égaux dans la prononciation, nonobstant la varieté de leur progression, au lieu que nos vers alexandrins sont très-souvent inégaux, quoiqu’ils aïent presque tous une progression uniforme. Voilà pourquoi quelques critiques ont pensé qu’il étoit comme impossible de faire un poëme épique françois de dix mille vers qui réussît. Il est vrai que cette uniformité de rithme n’a point empêché le succès de nos poëmes dramatiques en France et dans les pays étrangers ; mais ces poëmes qui n’ont que deux mille vers sont assez excellens

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