Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/36

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c’est en travaillant pour cela qu’ils ont trouvé le moïen d’exciter dans notre cœur des passions artificielles. C’est par hazard que les inventions les plus utiles à la societé ont été trouvées. Quoi qu’il en soit, ces phantômes de passions que la poësie et la peinture sçavent exciter en nous émouvant par les imitations qu’elles nous présentent, satisfont au besoin où nous sommes d’être occupez. Les peintres et les poëtes excitent en nous ces passions artificielles, en nous présentant les imitations des objets capables d’exciter en nous des passions veritables. Comme l’impression que ces imitations font sur nous est du même genre que l’impression que l’objet imité par le peintre ou par le poëte feroit sur nous : comme l’impression que l’imitation fait n’est differente de l’impression que l’objet imité feroit, qu’en ce qu’elle est moins forte, elle doit exciter dans notre ame une passion qui ressemble à celle que l’objet imité y auroit pu exciter. La copie de l’objet doit, pour ainsi dire, exciter en nous une copie de la passion que l’objet y auroit excitée. Mais comme l’impression que l’imitation fait n’est pas aussi profonde que l’impression que l’objet même