Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/360

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composé dans cette langue, sont de leur avis. En supposant que le poëte françois et le poëte latin aïent traité la même matiere, et qu’ils aïent également réussi ; les françois dont je parle trouvent plus de plaisir à lire les vers latins. On sçait le bon mot de Monsieur Bourbon : qu’il croioit boire de l’eau quand il lisoit des vers françois. Enfin les françois et les étrangers, je parle de ceux qui sçavent notre langue aussi bien que nous-mêmes, et qui ont été élevez un Horace dans une main et un Despreaux dans l’autre, ne sçauroient souffrir qu’on mette en comparaison les vers latins et les vers françois considerez mécaniquement. Il faut donc qu’il se rencontre dans les vers latins une excellence qui ne soit pas dans les vers françois. L’étranger qui fait plûtôt fortune dans une cour, qu’un homme du païs, est réputé avoir plus de merite que celui qu’il a laissé derrierelui.