Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/399

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d’un païsage plus vert, plus frais et plus riant que les collines d’Italie. Les vaches, les taureaux, les moutons, et même les porcs, ont en Angleterre le corsage bien mieux formé qu’ils ne l’ont en Italie et en Gréce. Avant Raphaël les marchands venitiens fréquentoient bien les ports d’Angleterre. Les pellerins anglois alloient bien à Rome en grand nombre gagner les pardons ; mais les uns et les autres n’étoient pas peintres, et ce qu’ils pouvoient raconter des animaux de ce païs-là n’en étoit pas un dessein. Il est vrai que Raphaël et ses contemporains n’étudioient pas la nature seulement dans la nature même. Ils l’étudioient encore dans les ouvrages des anciens. Mais les anciens eux-mêmes ne connoissoient pas les arbres et les animaux dont nous venons de parler. L’idée de la belle nature que les anciens s’étoient formée sur certains arbres et sur certains animaux, en prenant pour modeles les arbres et les animaux de la Gréce et de l’Italie, cette idée, dis-je, n’approche pas de ce que la nature produit en ce genre-là dans d’autres contrées. Voilà pourquoi les beaux chevaux antiques, même celui sur lequel